« The grand Budapest hôtel »


Film de Wes Anderson, Allemagne, USA
Sortie en salles 26 février 2014
Durée : 1h40
Genre : comédie
Avec Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham


Synopsis :

Le film retrace les aventures de Gustave H, l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle.
La recherche d’un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au coeur de la vieille Europe en pleine mutation.

En savoir plus sur le film :

Télérama
La critique par Louis Guichard

Genre : Stefan Zweig façon cartoon.

Dans une station thermale haut perchée, « à la frontière la plus orientale de l’Europe », un palace jette ses derniers feux Belle Epoque, cerné par la menace fasciste. Le professionnalisme du maître d’hôtel, M. Gustave, le conduit souvent dans le lit des clientes les plus âgées. En retour, elles l’élisent comme leur grand amour, voire leur unique légataire. De là découleront de folles complications, incluant emprisonnement, filatures, poursuites, meur­tres.

Le récit avance à toute vitesse, con­firmant l’adresse de Wes Anderson pour les situations cartoonesques. Plus d’une fois, les héros se retrouvent suspendus au-­dessus du vide : une traduction visuelle de ce qui les attend, eux et leur monde. Car c’est dit dès le prologue : le monumental Grand Budapest finira entièrement anéanti, après avoir été dépouillé de son luxe sous l’ère soviétique… L’imminence de la guerre et l’ombre du nazisme donnent une résonance par­ticulièrement émouvante à la futilité dandy du héros, qui est aussi, bien sûr, celle de Wes Anderson. La grande tenue de M. Gustave, son extrême politesse, son excentricité sexuelle (« Je couche avec tous mes amis ! »), le nuage de parfum qui l’entoure (L’Air de panache, en français dans le texte), autant de remparts dérisoires contre la brutalité en marche.

Première
par Gérard Delorme

Le miracle de ce film gigogne, c’est qu’on est jamais perdu, en dépit d’une forme alambiquée.

Libération
Il était une fois dans Wes
Par Didier Péron —25 février 2014
Wes Anderson n’est pas du genre à se répandre sur sa propre biographie. On sait qu’il est né à Houston (Texas) en 1969 ; que sa mère a fait de l’archéologie avant de se reconvertir dans l’immobilier et que son père a longtemps travaillé dans une agence de publicité, tout en menant une activité d’écrivain. Ses parents ont divorcé quand il avait 8 ans. Ce père, il renâcle tout particulièrement à l’évoquer en interview et pourtant, sans faire de psy au rabais, il n’aura échappé à personne à quel point la relation de transmission entre un jeune, souvent surdoué, naïf et effronté, et un mentor narquois et vite dépassé par la situation est une des structures narratives récurrentes du cinéma d’Anderson : dès Rushmore (1998) avec le duo Jason Schwartzman (18 ans) et Bill Murray (48 ans), mais aussi avec les relations père-fils compliquées dans la Famille Tenenbaum (2001), la Vie aquatique (2004) et Fantastic Mr. Fox (2010).

Il y a toujours un individu farouchement cramponné depuis des lustres à ses manies, son savoir, ses excentricités et qui doit soudain les réévaluer face à un gamin fasciné et néanmoins frondeur et iconoclaste. Le schéma de transmission de l’expérience du plus âgé vers le plus jeune s’inverse ou s’équilibre généralement au cours du récit. C’est à nouveau le cas dans The Grand Budapest Hotel, qui narre les aventures du concierge-star Gustave H. (formidable Ralph Fiennes), figure centrale d’un palace alpin de la république Mitteleuropa d’opérette Zubrowka dans les années 30 et son protégé, le groom débutant Zero Moustafa, irrésistible freluquet interprété par un inconnu découvert à Los Angeles (Tony Revolori).

On ne sait pas exactement en combien de temps Fellini s’est adjectivé en « fellinien », mais la marque de fabrique Wes Anderson est désormais si reconnaissable que l’on parle de monde « wes-andersonien » et que la secte de ses fans pâmés se reconnaît sous le nom de code des « andersonites ». The Grand Budapest Hotel démontre à quel point la maîtrise maniaque du cinéaste sur les moindres recoins obscurs de ses œuvres est devenue pour le spectateur un véritable objet de sidération.

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