Rencontre « Si on parlait cinéma du 10 mars 2018 »

Retour sur "El Présidente"
Pour commencer, nous avons souhaité revenir sur un film qui a suscité beaucoup d’intérêt et d’échanges lors de sa projection à Eyguières, El présidente de Santiago Mitre, grâce à ses qualités cinématographiques, mais également, grâce à la présentation d’Arlette et Martine. Merci à elles pour cette médiation très appréciée.

Arlette et Yannick ayant beaucoup aimé ce film, ils ont exposé brièvement les éléments qu’ils ont trouvés remarquables, et, en tout premier lieu, un scénario complexe dans lequel la figure officielle du président est percutée de plein fouet par une affaire de corruption. Celle-ci sort d’ailleurs à point nommé au moment précis où le président argentin se rend à un important sommet de chefs d’états latino-américains.

L’imbrication de ces deux éléments –le sommet et l’affaire- qui nous sont distillés par touches successives, va accompagner le spectateur tout au long du film et contribuer à créer une atmosphère dans laquelle tout st ambiguïté, douteux, suspect. Le moindre début de certitude est aussitôt fissuré par un doute, au moins aussi plausible, plongeant le spectateur dans une interrogation toujours renouvelée. Le jeu des acteurs, et, en premier lieu celui de Ricardo Darin (Le Président) alimente cette impression, encore renforcée par les décors naturels, majestueux et inquiétants de cet hôtel isolé de la Cordillère des Andes dans lequel tout est ouaté, comme étouffé et hors de la réalité, créant chez le spectateur un sentiment de menace diffuse.

Une caméra pour nous désorienter
La caméra de Santiago Mitre promenée de main de maître, devient un outil au service de la désorientation du spectateur. Celui-ci, à la fin du film, n’a plus à sa disposition que la possibilité de faire appel à son intime conviction pour essayer de se construire une opinion sur l’histoire qui nous est si habilement présentée.

Ce film, estiment Arlette et Yannick, est une œuvre cinématographique totale dans laquelle tous les éléments constitutifs de la fabrique d’un film (scénario, choix et jeu des acteurs, décors, photographie, prises de vue, montage) se conjuguent de façon implacable, pour le plus grand plaisir du spectateur devenant à son tour acteur du sens à donner à l’histoire !

Autant dire qu’à la sortie, le consensus n’est pas de mise ! A entendre les commentaires, on pourrait presque croire que chacun a vu un film différent, et c’est bien là, la réussite de Santiago Mitre !

Les rencontres ciné de Salon
Nous nous sommes penchés sur le programme du prochain Festival des rencontres CINE de Salon de Provence du 3 au 10 avril 2018 pour mettre sur le devant de la scène 3 films particulièrement réussis :

The Party
Une comédie de S. Potter Arlette dit de ce film : Je l’aurais volontiers revu dans la demi-heure qui a suivi sa projection ! Fulgurant – Du théâtre filmé ! Une soirée entre amis pour fêter une nomination prestigieuse à un poste de 1er Ministre…

Glory
Un film bulgare qualifié de comédie ! Mais en est-ce vraiment une ? L’histoire du pauvre cheminot bègue qui découvre un trésor sur la voie qu’il entretient et beaucoup d’ennuis aussi …

Detroit
Un polar de Kathryn Bigelow, inspiré de faits réels, il revient sur les émeutes raciales et les violences policières perpétrées en 1967 à l’Algiers Motel.

Nous avons aussi évoqué un film dont la bande annonce nous a particulièrement séduits :

La Forme de l’eau (The Shape of water)
de Guillermo del toro, un conte fantastique alléchant avec une esthétique très soignée et une actrice Sally Hawkins touchante.

Et pour terminer, trois films qui ont retenu notre attention et que nous vous conseillons vivement

L’Insulte
de Ziad Doueiri (drame) 2017
Toni, chrétien libanais, arrose les plantes de son balcon. De l’eau s’écoule accidentellement sur la tête de Yasser, Palestinien et contremaître du chantier attenant. Une violente dispute éclate. L’aspergé traite l’homme du balcon de « sale con ». Ce dernier réclame des excuses. Le conflit de voisinage s’envenime, se poursuit au tribunal, vire à la crise nationale. D’abord farce caustique, l’Insulte devient, un moment, un film de procès qui se plie aux lois du genre : tension, émotion, révélations inattendues, irruption du doute sur les torts de chacun. Le film n’épouse aucun camp, préférant éclairer les effets pervers de toute cause. Il œuvre pour la vérité…


Chavela Vargas

de Catherine Gund et Daresha Kyi (film documentaire) 2017
Figure de proue de la musique mexicaine, Chavela Vargas, restera à jamais empreinte de récits et de légendes. Vêtue comme un homme, buvant et fumant comme un homme, portant un pistolet, « la dame au poncho rouge, cheveux d’argent et chair brune » n’a cessé d’affirmer sa singularité, son identité et sa passion pour la musique et les textes engagés. De Frida Kahlo à Pedro Almodovar, artiste inspirante et inspirée, ce récit composé d’images rares nous révèle une femme à la vie iconoclaste et éternelle. Sa voix s’élevait à la fin de Julieta, comme dans beaucoup d’autres films de Pedro Almodovar. .. Les deux réalisatrices communiquent leur admiration pour cette chanteuse, qu’elles dépeignent en héroïne de la libération homosexuelle, même si elle ne revendiqua ce rôle que tardivement. La liberté de Chavela Vargas est magnifique. Comme le dit Almodovar, cette femme était un volcan. Ce film sera projeté à Eyguières le 5 juin 2018

Un homme intègre
de Mohammad Rasoulof (drame) 2017
Reza, installé en pleine nature avec sa femme et son fils, mène une vie retirée et se consacre à l’élevage de poissons d’eau douce. Une compagnie privée qui a des visées sur son terrain est prête à tout pour le contraindre à vendre. Dans ce contexte, les intérêts économiques, le pouvoir politique et les interdits religieux se confondent pour mieux contrôler les citoyens et exclurent tous ceux qui ne rentrent pas dans le rang, les idéalistes comme Reza, ou les non-musulmans refusant de renier leur foi.
Mais peut-on lutter contre la corruption sans se salir les mains ?

(Rédigé avec l’aide du site : L’essentiel – Télérama.fr)

Prochaine rencontre autour des films que nous avons aimés le 12 mai à 10 heures au salon de thé d’Agora et d’ici là beaucoup de plaisir à vous tous lors des diverses projections.

Yannick et Marie-Ange