LES CLICHÉS A SARIANS (84)

LES CLICHÉS A SARIANS (84)

La désopilante comédie

s’est déroulée dans le hangar de l’école de formation d’acteurs Actéon (https://ecole-acteon.fr/), non loin d’Avignon, aménagé en salle de spectacle d’une jauge d’un peu plus de 170 places.

Des jeunes, des plus âgés, et même des enfants se sont rassemblés un peu avant 20h00, ce samedi soir comique du 24 février 2024 à Sarrians, petite commune du Vaucluse au nord-est de Carpentras, pour assister à un match d’improvisation. L’équipe locale, les Actéoniens, organisaient la soirée pour accueillir les Clichés, une équipe de la classe de théâtre d’improvisation des AIL menée par Laure Titelein.

Dans un décor chinois médiéval, mur peints de noirs, chauffage assuré par deux magnifiques poêles à bois, l’ambiance était extrêmement détendue. Deux équipes de 6 joueurs se faisaient face, impitoyables, sourire aux lèvres dès le premier échauffement.

  • A droite, côté cours pour les spécialistes, la jeunesse, la beauté et l’énergie impitoyable des Actéoniens.
  • A gauche, coté jardin, la ... le ... les … les jeux de mots des Clichés crépitaient, partaient dans tous les sens. Au centre, l’arbitre chinois aux blancs cheveux, vénérable Maitre Yoda tout droit venu du fin fond de sa Provence, accompagné de son jeune padawan ninja actéonien qui enflammait l’espace scénique de son drapeau de ruban de gymnastique artistique. L’ambiance rigolarde était palpable, le comique inévitable.

La crise de rire a commencée dès le début du match, sous les coups irrésistibles des salves d’une mitraillette d’improvisation. Les premiers rires des spectateurs ont fusés dès les premiers mots échangés. Le rire de mouette tchekhovienne d’une spectatrice du premier rang, particulièrement communicatif, aurait dû alerter les organisateurs. Mais voilà, dès les premières répliques, le match était lancé, implacable, les rires fatals.
Pris d’une inspiration qui ne se démentira pas de la soirée, comme possédés, les Clichés, emmenés par leur cheffe Laure Titelein, rendaient blague pour blague à des Actéoniens déchainés, bondissant de pitreries. Le match était intense, férocement joyeux, impitoyablement amical.

Plus rien ne pouvait désormais arrêter les rires, surtout pas ceux de la mouette. Pas même la mi-temps imposée au bout d’un peu plus d’une heure de match par l’arbitre chinois venu spécialement de Miramas. Pourtant imposée pour tenter de soulager les douleurs provoquées par les crampes des zygomatiques des spectateurs, cette mi-temps s’est révélée n’être qu’une thérapeutique dérisoire, pauvre cautère sur une jambe bois puisque dès la reprise de la joute verbale et corporelle des comédiens, les rires ont repris de plus belle, comme nourris de cette pose salvatrice. Le premier mort de rire n’allait pas tarder. D’autres, hélas, bien trop nombreux, allaient suivre. Jusqu’à l’inoubliable dernier mot de la soirée, prononcé devant une salle qui peinait à reprendre son souffle. « Phacochère ! » avait déclaré Laure en réponse à la demande de dire le dernier mot de la soirée. Cette enseignante de théâtre, tant d’improvisation que classique, cette professionnelle reconnue pourtant très expérimentée doit se mordre les doigts d’avoir provoqué ce dernier éclat de rire responsable des derniers morts de rire encore debout. Elle doit maintenant porter, seule, le poids de l’immense crise de rire que la rencontre a provoquée.

« Plus de 170 morts de rire en une soirée ...
on ne pouvait pas prévoir : on n’avait jamais vu ça ! »


« On n’avait jamais vu ça », commentera plus tard un jeune actéonien à peine sortit de scène, encore hilare malgré l’arrivé des secours improvisés apportant à boire et à manger aux survivants affaiblis par plus de deux heures de rire. « Nous venions de refaire la salle, d’installer plus de 170 nouveaux sièges rouges très confortables ... on ne pouvait pas imaginer que ça allait se terminer comme ça ! ». Le jeune actéonien ne pouvait pas cacher sa joie tant il avait du mal à ne pas rire à son tour. « Avant, il y avait moins d’une centaine de places assises ... jamais les spectateurs n’étaient venus si nombreux ! ». Les yeux au ciel, la gorge déployée, le pudique actéonien ne parvenait pas à cacher sa joie, immense.
La stupéfaction des Clichés était à la hauteur de celle des Actéoniens. « Dans une salle aussi belle, équipée de fauteuils rouges si confortables, chauffée par deux poêles à bois si magnifiques, qui auraient pu penser qu’une telle crise de rire éclate ? » Restés anonymes pour éviter toute représailles, les mots de ce Clichés, pourtant encore boulversé par son hilarante incarnation d’un poulpe-pan hermaphrodite du même sexe que lui, ces propres mots raisonnent comme un énorme éclat de rire et masque mal les larmes mélangés par les spectateurs et les comédiens autour du verre de l’amitié si réconfortant.

170 "morts de rire", la soirée n’aurait pu être plus comique.