Festival des rencontres cinématographiques de Salon de Provence

Voilà presque une semaine que les rencontres se sont achevées, il est temps pour moi de prendre un peu de recul sur les 12 films vus.

Évidemment, je ne vais pas vous faire un topo sur les 12, vous m’en voudriez…
Seulement sur mes préférés et par ordre chronologique !

« Les mauvaises herbes »
comédie québécoise de Louis Bélanger / 2017 / 1H47 / Version française sous-titrée

C’était, chronologiquement, mon premier film cette année. Quel bonheur ! C’est drôle, c’est tendre, c’est inventif, plein de trouvailles et de rebondissements et magnifiquement interprété…
Un comédien de théâtre contraint de fuir précipitamment Montréal, une employé chargée de relever les compteurs et un agriculteur solitaire qui se consacre à des cultures peu licites vont se trouver réunis par hasard et contre leur gré dans une maisonnette isolée au cœur de l’hiver québécois…
Si l’histoire parait « légère », la réflexion est profonde et les liens qui se tissent inattendus.

« Luna »
d’Elsa Diringer, 1H25, 1er film en avant-première aux rencontres, avec Laetitia Clément (recrutée lors d’un casting sauvage dans un lycée de Nîmes), Rod Paradot jeune acteur déjà remarqué dans « La tête haute » d’Emmanuelle Bercot, aux côtés de Catherine Deneuve.

Deux jeunes gens qui se sont déjà rencontrés dans des circonstances terribles, ils se retrouvent en présence, elle le reconnait, pas lui…
Luna est belle, lumineuse, prête à presque tout
Alex n’est que bonté et gentillesse. Elle résiste, taraudée qu’elle est par sa honte et sa culpabilité.
Une histoire peut-elle survivre au mensonge, comment ne pas tout briser ?
Un premier film extrêmement sensible, tourné dans la région de Montpellier, de jeunes acteurs vraiment talentueux et une atmosphère qui saisit le spectateur.

« Mahana »
film néo-zélandais de Lee Tamahori / 2016 / 1h42 / en V.O

En 1960 en Nouvelle Zélande, la rivalité entre deux clans maori dans ce pays où c’est la loi des blancs qui règne.
A travers la révolte d’un jeune maori contre l’autorité et l’arbitraire de son grand-père, c’est un lourd secret de famille qui va être remis à jour.
C’est une grande fresque « tout public », les paysages sont somptueux et les personnages extrêmement attachants. Il y a des moments dramatiques, de l’humour aussi et beaucoup d’humanité.
Sans oublier des moments grandioses de concours de tontes de moutons !

« Téhéran tabou »
d’Ali Soozandeh / 2017 /1h36 / VO / 1er film

Je craignais que la technique utilisée par le réalisateur (la « rotoscopie ») pour ce film « d’animation » me gêne mais, pas du tout. Passées les 5 premières minutes, j’ai oublié !
Ce qui prend le dessus c’est le sentiment que règnent partout l’hypocrisie, le mensonge, la corruption et la duplicité.
On suit trois femmes : une prostituée qui élève seule son enfant, une jeune femme au foyer étouffée par les contraintes et les interdits posés par sa belle-famille et une jeune femme qui doit absolument retrouver sa virginité.
Dans ce film les hommes sont au mieux aveugles et sourds, au pire ils s’accommodent fort bien des interdits religieux qu’ils transgressent sans problème.
Seul un jeune artiste, poète et musicien, échappe partiellement à cette logique.
Ce film est un coup de poing, quel courage et c’est un 1er film ! réalisateur à suivre…

« Eté 93 »
de Carla Simon Pipo / 2017 / 1h37 / VO (catalan) / 1er film

Un film d’une délicatesse rare, tiré de la propre histoire de la réalisatrice(en avoir connaissance rend la performance encore plus remarquable !)
La mère de Frida (6 ans) est morte, son père avait disparu auparavant. Elle doit donc quitter Barcelone et aller vivre chez son oncle (frère de sa mère) et sa tante, jeune couple avec une petite Anna. Ils vivent dans une maison en pleine nature près d’un petit village.
Pendant cet été 93 Frida qui contient son chagrin et tait ses angoisses va passer par les étapes qui lui permettront de s’autoriser à l’expression de ses émotions comme si elle parvenait à briser une digue.

C’est émouvant, très juste, tous les personnages nous touchent, les deux enfants en tête !

« Dede »
de Mariam Khatchvani / 2017 / 1h37 / VO - Film géorgien / 1er film

« dede » signifie « maman »
Le film qui est situé en 1992 se déroule dans une région reculée du Caucase (la Svanétie), les paysages sont sublimes.
Dina habite un village, son grand-père a arrangé son mariage et justement voilà que David (son « promis ») rentre de la guerre en compagnie de Gegie, son meilleur ami à qui il doit d’être encore en vie.
Dina est secrètement amoureuse de Gegie et Gegie de Dina.
Dans cette région où les coutumes montrent la voie il va falloir à Dina une détermination et un courage hors norme pour se soustraire à ce projet.
Des moments de bonheur intense et une série de malheurs marqueront la vie de cette jeune femme rebelle.
Magnifiquement filmé et poignant.

Arlette Rousset
16/04/2018